Faire de la géométrie avec Twitter peut paraître incongru. En quoi un média social qui limite les messages publiés à 140 caractères peut être pédagogiquement utile
pour appréhender ce domaine des mathématiques ?
Car, soyons clair, il ne s'agit pas d'utiliser Twitter pour le côté sympa de l'outil (c'est un élément déclencheur d'une motivation nécessaire toutefois) mais bien
parce que l'outil apporte une plus value à l'appropriation et la mobilisation de connaissances et l'acquisition de compétences.
De quoi s'agit-il ?
Le projet consiste à mettre en place un échange entre deux classes distantes géographiquement afin que les élèves se transmettent des programmes de constructions géométriques.
Le travail peut prendre différentes formes :
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Travail à partir de programmes de construction afin de les synthétiser (passage du français au langage mathématique par exemple), envoi du programme synthétisé via Twitter à la classe jumelée.
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A partir de figures imposées, écrire un programme de construction, l'envoyer via Twitter à la classe jumelée.
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Création par les élèves de figures géométriques, écriture d'un programme de construction, envoi via Twitter à la classe jumelée.
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Envoi d'énigmes géométriques nécessitant des constructions.
La classe jumelée envoie en retour les photos des figures construites.
Le travail de fabrication préalable des programmes peut :
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donner lieu à une validation de l'enseignant pour assurer la bonne construction dans la classe jumelée
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être laissé tel quel afin que les élèves de la classe jumelée posent des questions en retour ou retournent des figures erronées. Les élèves pourront ainsi se rendre compte des manques ou erreurs dans leurs programmes et les modifier en conséquence.
Pourquoi utiliser Twitter ?
Le caractère synthétique qu'impose ce média est un outil qui peut être précieux pour travailler le choix du vocabulaire et la manière d'exprimer une idée.
En limitant la taille des
messages transmis, les élèves doivent éviter les longues descriptions auxquelles ils sont globalement habitués. Le langage et le vocabulaire mathématique a un caractère synthétique dont les
élèves ne comprennent pas toujours l'intérêt dans la mesure où ils communiquent peu sur ce sujet. Leur seul « public » est constitué de l'enseignant et des autres élèves de la
classe.
Dans ce contexte, l'effort de précision et de synthèse n'est bien souvent pas fait, dans la mesure où il peut être facilement contourné.
La limitation à 140 caractères par message doit inciter les élèves à utiliser les codes et les mots appropriés pour entrer dans une description mathématique et non pas seulement perceptive.
Exemple : « Trace [AB] tel que AB=5cm » (36 caractères) ... plutôt que « prends ta règle, trace un trait de 5cm qui va d'un point A à un point B » (72 caractères).
L'écriture en utilisant
les codes mathématiques est plus courte et permet donc d'enchaîner sur d'autres éléments de la figure à construire. Il y a donc un réel intérêt pour l'élève à connaître ses mots et codes et à en
maîtriser leur signification.
Cet apprentissage qui a globalement du mal à s'ancrer dans la durée est, grâce à l'outil Twitter, mis en oeuvre de manière active et par nécessité. Nous prenons le pari qu' ainsi les élèves
deviendront plus compétents sur cet aspect parfois ingrat des mathématiques.
Ce travail doit aussi permettre de fédérer la classe autour d'un projet commun.
De manière parallèle, c'est l'éducation aux médias et l'utilisation responsable d'Internet qui est développée.
L'aspect motivant est un
autre intérêt de cette approche. Nous le savons tous, la motivation est le point de départ de l'apprentissage.
Un compte classe a été créé ainsi qu'une charte collective d'utilisation.
Une collègue
enseignant en primaire dans le Jura a accepté que sa classe de cycle 3 soit partenaire d'une de mes classes de 6ème dans cette démarche.
Pour l'instant les échanges purement géométriques n'ont pas encore débuté (ça ne saurait tarder), les échanges tout court ont en revanche démarré depuis plusieurs semaines.
Ils donnent déjà l'occasion d'évoquer les sondages et les diagrammes sans que cela ne soit prévu. Mes élèves de sixième travaillent donc actuellement sur tableur pour envoyer de beaux diagrammes
à leurs correspondants Twitter.
Dans une dizaine de jours, ils enverront une première construction tweetée.
Je ne
manquerai pas de vous
faire suivre l'avancée (pas à pas) de ce projet à travers ce blog.
Pour suivre tout cela sur Twitter, nous utiliserons la balise #geometwitt , nom que nous avons choisi pour ce projet !
Le compte de ma classe @6TomSawyer