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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 09:03

http://www.petergumbel.fr/_img/cover_new_book.jpgUne fois n'est pas coutume, je vous fais partager une lecture que je recommande à tous les enseignants.

Cela faisait un moment qu'on m'avait parlé du livre de Peter Gumbel « On achève bien les écoliers ».
J'ai profité de ces vacances pour m'y plonger (enfin).

Peter Gumbel est ancien grand reporter à Time magazine. Journaliste reconnu (journaliste de l'année par la Wok Foundation de Londres), il est aussi père de deux filles scolarisées en France. C'est peut être cela qui l'a poussé à écrire cet essai de 168 pages publié en septembre 2010 chez Grasset.
Cet américain a été frappé par la férocité du système scolaire français envers ses élèves. Il le démontre à travers cet ouvrage très réussi, écrit dans un style journalistique, facile d'accès... si bien qu'il se dévore d'un trait.
L'auteur ne se pose pas en donneur de leçons. Il présente un travail argumenté fruit d'une véritable enquête de journaliste. En s'appuyant sur différentes enquêtes ou recherches, il explique parfaitement le mal être que peut faire naître le système français auprès des élèves et des conséquences directes sur les apprentissages que ce manque de bienveillance engendre : anxiété, sentiment de ne pas pouvoir exprimer son opinion, taux importants de non réponses aux questions à prise d'initiative, inquiétude démesurée vis à vis des résultats en mathématiques, faiblesse (même de nos élites) pour le travail en équipe...
Il est beaucoup question du système de notation français qui apparaît comme marginal et fortement démotivant. Les Etats Unis, la Finlande et même la Corée sont explorés.

Peter Gumbel agrémente son argumentation de rencontres avec d'anciens étudiants de classes prépa, le proviseur du lycée Henri IV ou le recruteur d'Harvard donnant à cet essai un vrai relief.
Tout en étant optimiste, il n'occulte pas le conservatisme ambiant du corps enseignant français mais plaide pour une meilleure considération de celui-ci en terme de rémunération et surtout de formation.
Les solutions proposées par Peter Gumbel à la fin de son essai, bien qu'allant dans le bon sens, me semblent insuffisantes et la refondation qui est en route mériterait d'aller bien plus loin.
Je conseille vivement ce livre dont la lecture devrait être obligatoire pour tous les enseignants français !

Deux citations :


« L'une des questions les plus importantes est de savoir si les écoles ne devraient pas accorder moins d'importance aux performances académiques et laisser plus de place à d'autres éléments comme l'épanouissement individuel, le développement de la créativité ou le renforcement de la confiance en soi. Ceci risque de provoquer chez les traditionalistes français une crise d’apoplexie, mais dans de nombreux autres pays, les réussites non académiques représentent des objectifs éducatifs légitimes. »

 

« Ceux qui ont un appétit et un amour de l'apprentissage auront de bien meilleures chances de s'épanouir que les autres. L'école est le lieu où ces appétits doivent être encouragés et développés »

 


Plus d'infos sur ce livre

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 18:46

 



J'aime beaucoup les contrastes. Culinaires en particulier. Sucré, Salé. Chaud, Froid.
Ça tombe assez bien, enseignant est un métier de contrastes. Toutes les émotions peuvent y passer dans une même journée. Une sorte de grand écart permanent... En l'espace de quelques jours, ce grand écart s'est encore illustré.
Un contexte tendu au bahut qui plombe le moral et détourne du sujet central : l'élève... le froid... un peu salé aussi ...
Une formidable journée du CRAP samedi, mêlant convivialité, rencontres et échanges... le chaud...
Ce cours où j'ai été mauvais en 5e, une heure de frontal dialogué où je n'ai pas trouvé d'autres moyens qu'imposer, de déverser sur le passage à la lettre (j'avais pris le temps de les faire chercher, mettre en situation mais j'ai loupé quelque chose ... ) ... une heure pénible pour eux (arrivés bien énervés du cours précédent) comme pour moi (dernière heure de ma journée) ... le froid...
Et un chaud ... un brûlant... un ébouillantage pédagogique... Une heure de pur bonheur vécue avec mes sixièmes. C'est de ça dont j'ai envie de causer aujourd'hui !

Ça fait un moment qu'on parle du projet #geometwitt ... Ce mardi c'est la première mise en application en salle pupitre. Les @CM2_A ont envoyé 5 programmes de construction via twitter. Charge aux 5 groupes constitués dans la classe d'essayer de tracer les figures correspondantes. Essayer, car les programmes n'ont pas été retravaillés en amont !
J'aurais presque pu partir sur la pointe des pieds... les laisser travailler. Tous ! A fond dans leur tâche... échangeant, argumentant, essayant, pestant...
Certains groupes aboutissent à une figure et l'envoient en photo via twitter à leur groupe jumelé quelques centaines de kilomètres plus loin ! Une d'entre elle est bonne, pas les autres... les @CM2_A commencent alors à retravailler leur programme ou précisent en direct ...
D'autres sont bloqués et n'arrivent pas à construire, ils tweetent pour demander des précisions. Les élèves échangent même sur du vocabulaire (droite, segment...). Vous savez ce fichu vocabulaire qu'ils n'apprennent pas et qu'ils utilisent n'importe comment ...

Bref, ça part dans tous les sens mais je jubile ! Les voir affairés ainsi les yeux écarquillés tentant de comprendre, guettant les tweets pour avancer, en écrivant d'autres pour interroger est un plaisir indescriptible. Plus d'élèves en difficulté, plus de premier de classe... des élèves qui coopèrent pour atteindre leur but ! Du bruit pédagogique (©Mila Saint Anne) !

Les plus avancés peuvent à leur tour élaborer des programmes à tweeter, imparfaits... ils auront des questions en retour ... des questions sur le chemin de la construction de concepts, de la maîtrise du vocabulaire. Mais oui, ils parlent de losanges, de rectangles, de demi-cercles, de rayon (« mais non diamètre ! Rayon je te dis !!! »). Et je n'ai rien à dire, juste à valider les tweets... proposer un dictionnaire, prendre une photo ... Je n'ai pas le contrôle sur les contenus, sur le comment faire ... et au fond, plus j'accepte de le perdre, plus j'aime ça.

En fait, je crois qu'il est difficile de rendre en un billet ce moment... un des meilleurs de ma courte carrière... interrompu par une satanée sonnerie que ni moi, ni mes élèves ne voulaient entendre ...





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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 13:24

Parce qu'il y a autre chose que les pamphlets de Brighelli et Polony... je partage mes lectures de vacances (bein oui c'est presque le seul moment où on a le temps de prendre du recul sur notre métier ... ) : une terminée, une en cours, une autre à venir ...

 

 

http://www.cahiers-pedagogiques.com/local/cache-vignettes/L133xH200/arton7504-f69e0.jpg

Socle commun et compétences - pratiques pour le collège - Annie Di Martino et Anne-Marie Sanchez

Le socle commun est une belle idée. Il est pourtant décrié : manque d'ambition, plus de travail, même chose que ce qui se fait déjà mais avec des cases ... Toutes ces critiques montrent une méconnaissance sur l'objet socle commun. La formation est parcellaire sur ce domaine.
L'ouvrage d'Annie Di Martino et Anne-Marie Sanchez a le mérite de mettre les choses au clair. On y trouve plein d'applications concrètes et surtout un message : LANCEZ VOUS !
Une lecture indispensable où chacun pourra, après quelques éléments de mise au point, s'approprier, transformer des pratiques d'enseignants sur le travail par compétences.





Cahiers péhttp://www.cahiers-pedagogiques.com/IMG/arton7550.jpg?1316683701dagogiques n°491 - Evaluer à l'heure des compétences - Dossier coordonné par Yannick Mével et Françoise Colsaët

En cours de lecture, ce dossier aborde de nombreuses facettes de l'évaluation : des expériences solitaires, du travail en équipe, la question des notes ...
Il n'esquive pas les hésitations, les essais des enseignants... Une vraie boîte à outil !
Le sommaire complet et les articles en ligne

 

Notez que le CRAP-Cahiers pédagogiques organise une journée autour de ce numéro le samedi 19 novembre à Villeneuve d'Ascq
Voir la page Facebook de l'évènement

 

 

 

http://crdp.ac-amiens.fr/local/cache-vignettes/L161xH223/rubon150-e587f.gif

 

 

 

 

Eleves actifs, élèves acteurs - Boîte à outils - Robert Guichenuy

 

La dernière lecture est à venir. Pour ce livre je ne me suis fié qu'au seul titre... tout simplement parce que j'aime voir mes élèves dans l'action et non dans la passivité (le moins possible !) 

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 15:25

Ne retiennent-ils vraiment rien ?

C'est une rengaine bien connue ... les élèves ne retiennent pas grand chose ou plutôt ils oublient vite ! Eux mêmes en sont persuadés surtout si l'année précédente a été ponctuée d'échecs et qu'on leur a répété qu'ils n'apprenaient pas assez leurs leçons.
Le premier cours est important nous dit on. Il faut poser son autorité pour être tranquille toute l'année. Certes il faut poser le cadre, mais j'ai envie de dire qu'il faut surtout mettre en confiance. La confiance, c'est vrai, passe par un cadre de travail assuré pour tous. Elle passe aussi par la prise de conscience par tous de son potentiel, même si on est en échec.
Comme beaucoup, j'aime prendre le pouvoir dans ces premières heures mais j'ai aussi envie que mes élèves prennent le pouvoir sur leurs inhibitions et entrent dans une dynamique constructive quelque soit leur passé scolaire.

Chaque élève a devant lui une demi-feuille. "Quand vous pensez mathématiques, vous pensez à ...." Ecrivez le maximum de mots.
Les élèves s'affairent... tous. Personne n'a devant lui une feuille vierge. Nous réalisons une synthèse collective.
En 10 minutes (temps d'écriture individuelle + synthèse collective ), nous obtenons la production de classe (la première de l'année) suivante :

IMG_0164.JPG

Avec 5 minutes de plus, nous remplissions un second tableau. 90% des élèves sont allés écrire au moins un mot... Tous ont bien un lien avec les mathématiques, beaucoup d'ailleurs viennent du vocabulaire vu en 6ème. Et quand on y regarde bien, les élèves ont globalement bien orthographié ces mots.
La prise de conscience collective et individuelle que, finalement, beaucoup de choses sont restées et se sont imprimées dans la mémoire est un des objectifs. Les élèves qui ont vécu une année de 6ème difficile, sont dans un premier temps restés cachés, laissant les plus à l'aise (et donc en confiance) démarrer cette pieuvre... puis se sont lancés et ont pu apporter leur pierre à la création collective.

Si on observe les mots ainsi déployés, on remarque qu'il s'agit beaucoup de vocabulaire(parallèles, losange ...) ou de techniques (opérations...). Peu de mot sur les démarches. Seul le mot " problème" apparaît... Au travail maintenant sur une base finalement pas si molle (qui a dit qu'il fallait faire des révisions ?)... à moi d'associer les mots "recherche" , "essais", "tâtonnement" et "création" à cette pieuvre collective.

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 12:03

 

20100318---atelier-maths-005.JPGEnseignant en mathématiques dans ce qu'on appelle, stigmatisant parlant, un collège difficile, affublé de tous les sigles possibles (RAR, Zone de prévention de la violence, CLAIR), j'entends et je lis des choses qui me gênent, voir me choquent.

Combien de fois ai-je entendu « j'espère que tu auras ta mutation », « là où tu es tu ne peux pas vraiment enseigner », « on ne peut rien faire pour eux » ... ?

La mutation ? Je n'en veux pas !

Enseigner ? Plus que jamais !

Rien à faire pour eux ? Une facilité tentante ...

 

Il se trouve que j'aime mon métier et l'endroit dans lequel j'enseigne, ce que beaucoup ont peine à comprendre ! C'est ce qui me donne aujourd'hui l'envie d'écrire pour exprimer la passion qu'on peut avoir à enseigner même (et peut être davantage) en milieu difficile.

 

La tentation de se décourager

 

Il est vrai, la tentation de se décourager est grande. Un travail de groupe qui a échoué, une activité réduite à néant, des freins administratifs aux projets, un langage qui limite l'expression et le développement des idées et des raisonnements ... Une accumulation de détails qui peuvent mettre à mal les motivations et inciter à rester au stade du constat « ils ne savent pas faire ». Rester à ce stade, c'est très vite prendre la posture d'inquisiteur ... « parents démissionnaires », « élèves pas fait pour être au collège », « manque d'éducation »... tout est bon pour justifier un découragement qui peut prendre deux formes : être dépassé ou asséner un cours magistral, évaluer de manière unilatérale (avec des résultats catastrophiques bien souvent) et se lamenter bien sûr d'une baisse générale du niveau... « c'était mieux avant ! »

Et que dire lorsqu'on envisage le métier comme simple gagne pain (c'est un choix de vie que je peux parfaitement comprendre) et qu'on se retrouve face à ces difficultés bien réelles ?

 

Sans cesse innover

 

Ma vision, c'est qu'enseigner, c'est justement dépasser le stade du constat. Ce dernier, si on s'en contente, finit par être bien souvent négatif ! Qui, en effet, n'attend pas mieux de ses élèves ? A moins que le succès réside à avoir une classe qui ne fait pas de vagues... travaille-t-elle pour autant ?

C'est précisément dans le dépassement du simple constat que réside, à mon sens, la richesse de notre métier.

Mettre en place une stratégie pour que les élèves apprennent réellement, maîtrisent des compétences, des « savoirs être », accèdent à la culture et se forment à être des citoyens responsables, demande un travail que je trouve passionnant. De nombreux leviers s'offrent à nous, certains plus efficaces que d'autres, de manière aléatoire selon la classe et le contexte. J'arrive à considérer une séance ou une séquence réussie lorsque les élèves sont « entrés en mathématiques », qu'ils ont fondé tout ou une partie de démarche, qu'ils ont cherché, qu'il ont mobilisés des savoirs, des compétences ou leur propre représentation. Ce n'est pas tant une classe silencieuse planchant sur des exercices techniques (nécessaires mais pas obligatoirement un préalable indispensable à tout problème complexe, ambitieux ou concret) qui font que le « message » est passé. Cela dit certains élèves y trouvent leur compte et c'est bien cela qu'il faut s'efforcer d'avoir en tête : nous avons face à nous (ou devrais je dire plutôt « avec nous », l'idée d'un face à face frontal ne m'attire guère) une diversité dans laquelle chacun doit trouver son compte dans les apprentissages pour entrer en réussite. Diversifier est donc, à mon avis capitale, et c'est aussi en cela que ce métier est riche !

Dépasser le constat de l'échec, c'est aussi tenter de faire progresser les élèves sur des notions sur lesquelles ils ont échoué. Remédier n'est pas quelque chose de culturellement ancré dans l'école française, la note sanctionne mais n'ouvre que rarement le chemin de la progression ... Et pourtant quand on se donne un peu la peine d'essayer, on débloque des freins parfois infimes qui permettent à des élèves d'entrée en réussite.

 

Des réussites quotidiennes

 

Au delà du caractère varié et polyvalent du métier d'enseignant, c'est aussi les réussites qui forgent notre motivation. Car, des réussites, il y en a... La réalité du terrain est loin de l'image d'un collège ZEP telle qu'on peut la voir dans les médias ou à travers des témoignages de profs (qui souvent vous raconteront le croustillant, le sensationnel... c'est aussi un exutoire bien connu des salles des profs que je pratique aussi).

Nous voyons tous les jours des élèves motivés qui s'investissent et réussissent et qui auront probablement de bons parcours. Parfois, la motivation n'est ni naturelle, ni constante et c'est par nos actions qu'elle peut être suscitée. Les travaux interdisciplinaires sont souvent de belles réussites à ce niveau. Ils donnent du sens, décloisonnent les savoirs et les démarches. Les productions faîtes par les élèves sont parfois surprenantes.

En creusant un peu et en laissant une certaine liberté de travail aux élèves, on se rend compte de potentiels cachés, de points forts que l'école ne sait pas toujours déceler et valoriser. On accueille également avec plaisir après un travail où les élèves sont actifs lorsque la sonnerie retentit et qu'ils s'exclament « déja » et se rendent compte que c'est en faisant qu'on apprend le plus !

Et je reste persuadé que certains, même en échec relatif trouveront peut être un jour dans le début de leur vie d'adulte le moyen d'activer un esprit de curiosité qu'on leur transmet au collège.

 

Travailler en équipe

 

Comment ne pas parler du plaisir que j'éprouve à exercer mon métier sans parler du travail en équipe ?

C'est, à mon sens une des clés de réussite et j'ai la chance de pouvoir le pratiquer avec certains de mes collègues. En travaillant ainsi, nous pouvons mettre des projets en place. Ils apportent une vraie valeur ajoutée en terme de motivation des élèves, d'accès à la culture et de développement de compétences pas toujours travaillées. Cela nous permet aussi de mettre sur pieds des travaux croisant les disciplines, comme j'ai pu l'évoquer précédemment.

Le travail en équipe favorise par ailleurs le partage de nos ressources, de ce qui fonctionne, des pratiques innovantes... il offre ainsi un vrai recul sur ce que l'on fait et impose parfois un travail d'analyse bien souvent profitable.

C'est une vraie richesse, pas forcément encouragé par l'organisation de nos services et qui demande à être favorisée.

 

Loin de moi l'idée de faire dans l'angélisme... des difficultés, il y en a et j'en rencontre. Il arrive qu'on échoue avec tel élève, telle activité ou telle classe mais je ne me retrouve en rien dans les discours alarmistes et négatifs, voir méprisants de certains. Je me considère comme un privilégié, j'exerce un métier qui est aussi une passion et cela n'a pas de prix ...

 

 

 

 

 

 

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