Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 13:00

 

« Ils n'apprennent pas! »

 

Dans le palmarès des phrases les plus prononcées autour des machines à café des salles des professeurs, celle-ci figure clairement en bonne place.
Repartons déjà du bon pieds sur le verbe « apprendre ». Il est bien large et n'exprime en général pas bien la pensée de son auteur dans cette situation. Apprendre est un processus complexe qui prend du temps et qui nécessite trois étapes : compréhension, mémorisation, transfert. Tous les élèves apprennent, au sein de l'école comme à l'extérieur. Là-dessus aucun doute à avoir.
Le fameux « ils n'apprennent pas ! » de la salle des professeurs traduit en général davantage une difficulté à retranscrire (sous différentes formes) en évaluation le contenu des « cours » à « apprendre » à la maison. Les explications sont multiples et les manières d'agir nombreuses. Elles commencent par l'approche didactique et pédagogique proposée.
Certains enseignants diront même que c'est avant tout en classe que cela se fait et non à la maison.
Ce qui est frappant, c'est que de nombreuses élèves révisent mais révisent mal.
Il peut être tentant de faire un cours de méthodologie type « comment apprendre une leçon ? ». Je ne crois guère à l'injonction dans ce domaine qui donnerait LA méthode pour mémoriser des connaissances.
Car il s'agit bien de l'acte de mémorisation qui est en question ici. Le sujet est vaste et complexe et mériterait de nombreux billets.


Sans entrer dans des considérations théoriques (fortes intéressantes au demeurant), je vous propose quelques petits « exercices » que je fais avec des élèves de 6ème en accompagnement personnalisé.

Exercice n°1 : T'es habillé comment aujourd'hui ?

 

 

Les élèves sont invités à circuler de manière aléatoire dans la salle en occupant la totalité de l'espace (c'est un exercice en soit mais ce n'est pas l'objet du billet, ni l'objectif du travail). On ne reste pas immobile et on ne se suit pas.
Au signal, les élèves doivent se mettre dos à dos avec le camarade le plus proche. Je leur demande alors de décrire la tenue vestimentaire de leur partenaire (sans la voir donc).
Une fois que les descriptions sont terminées, je réunis les élèves par une phase de « méta cognition ». Nous prenons quelques instants pour essayer d'expliquer pourquoi nous avons retenu des choses sans y avoir été préparé.
La notion de temps peut être mise en valeur ici. L'explication la plus donnée est le fait qu'ils ont vu leur camarade depuis le début de la journée d'une part et qu'ils connaissent globalement leurs habitudes vestimentaires respectives.

Nous recommençons l'exercice deux fois. Cette fois les élèves connaissent la consigne et l'objectif, la donne est changée.
Nous reprenons une phase méta-cognitive en essayant d'exprimer deux choses :
- Que s'est-il passé dans ma tête lorsque je circulais dans la salle ?

- Que s'est-il passé dans ma tête au moment où j'ai du décrire la tenue de mon binôme ?

« Je me suis concentré pour bien regarder » « je me parlais dans ma tête en décrivant les tenues » … « J'ai revu comme une photo au moment de décrire » « je m'entendais encore parler donc j'ai pu répéter ».
Cette phase de « debriefing » est intéressante. Elle permet d'insister sur des possibilités de processus mentaux pour mémoriser.
Il est également important de faire comprendre aux élèves la différence avec la première description. Ils connaissaient cette fois la finalité. Le « geste d'attention » est ici très différent et il y a une « mise en projet » qui s'opère. Cette phase est importante quand on apprend une leçon : « que va-t-on attendre de moi en terme de contenu et de modalité de restitution ? »

 

 

Exercice 2 : La photo

 

 

J'invite les élèves à prendre une feuille et un crayon. Le stylo est posé, je projette une photo durant une poignée de secondes. Une fois la photo retirée, les élèves doivent alors la décrire sur leur feuille.
Nous écoutons deux ou trois descriptions. Elles se focalisent exclusivement sur le premier plan et les éléments les plus importants de la photo.

Je projette à nouveau la photo quelques secondes et je demande aux élèves de compléter/corriger leur description.
Nous recommençons deux ou trois fois.
La description des élèves se précisent de plus en plus et des éléments de détails apparaissent au fur et à mesure.
L'exercice permet de faire comprendre plusieurs faits aux élèves :

- Il est important de revenir sur les choses lorsqu'on essaie de mémoriser. Lorsqu'on a retenu des éléments, nous sommes plus disponibles pour en capter d'autres.
- Il est important de vérifier ce qu'on sait ! La phase de description sur feuille permet de mettre au clair ce qu'on a mémorisé. On peut alors se concentrer sur le reste et se poser des questions sur ce que nous n'avons pas réussi à mémoriser.
Nous pouvons expliquer aux élèves que cette phase de vérification fait partie intégrante de l'apprentissage. Les élèves peuvent alors proposer différentes méthodes pour le faire (retranscrire par écrit, expliquer à quelqu'un … )



NB 1 : Pour l'exercice, prendre une photo avec pas un objet principal et des détail au deuxième plan.

NB 2 : Il peut être intéressant de leur demander à nouveau une description quelques jours plus tard sans montrer la photo pour voir ce qu'il reste.

 

 

Exercice 3 : La suite de nombres

 

 

J'affiche une suite de nombres :

 

0 1 1 2 3 5 8 13 21 34 55 89 144 233 377 610 987

 

Une fois la tableau éteint après quelques secondes, je demande aux élèves d'écrire la suite de nombres dans l'ordre. Le but du jeu étant d'aller le plus loin possible sans se tromper.
Nous dévoilons les nombres un à un. Certains sont « éliminés » très vite, d'autre non.
Nous questionnons les vainqueurs sur leurs méthodes pour retenir.
Certains ont procédé en ajoutant des nombres puis en vérifiant dans leur tête. (ils ont fait référence à l'exercice sur la photo pour justifier leur démarche : repérer, vérifier, ajouter des choses, re-vérifier).
D'autres ont expliqué que chaque nombre était la somme des deux précédents et que c'était donc « facile » à retenir.
Nous pouvons alors évoqué le fait de construire du sens sur ce que l'on apprend.

Partager cet article
Repost0

commentaires